Entre ses mains l’or que cherchent les voyageurs jusqu’en Chine, à dos d’âne ou de chameaux, siècles brisés de lumières, étoffes de cette route qui mène vers la soie, et vers la vie.
Entre ses mains, la craie et la plume, et non l’épée, terres Seine de notre courage, siècles brisés de lumières, étoffes de cette route qui mène vers la soie, et vers la vie.
On le compare au cultivateur, il sème les graines ; et dans son sillage poussent des médecins, des danseurs, des boulangers, des traders, des mécaniciens, des lanceurs de javelot, des camionneurs, des militaires, des soudeurs et tous ceux qui grandissent en ces lieux travaillés de sa main.
On le compare au pasteur, il guide le troupeau vers les pâturages du savoir, dans le tâtonnement joyeux de la vie, il nous fait découvrir des avocats, des peintres, des présidents de république, des carrossiers, des jongleurs, des vigiles de supermarchés, des éducateurs, des pompiers, des musiciens, des policiers et tous ceux qui derrière les bancs l’ont écouté.
En réalité, on l’amadoue pendant qu’on prépare méticuleusement sa fin.
On veut le brûler par un incendie d’austérité, lui dans son école en flamme au milieu de la république, pendant qu’il essaie de sauver tous ces élèves au bord du gouffre, la conviction autour du cou. Derrière lui, la promesse méritocratique en cendres, et devant l’horizon d’un combat saignant, l’aile tordue. Un bataillon d’incendiaires budgétaires.
Le révolté se demande : « Que faire, prendre l’échelle ou l’ascenseur de cette promesse sociale ? Construire des murs pour faire barrage au feu ? Se faire océan pour éteindre l’incendie ? Que faire ? »
Et nous lui disons : « Cassez les craies ! »
Craie cassée pour dire la rage qui irrigue notre lutte
Craie cassée pour dire les échecs, les griffures et les larmes communes
Craie cassée pour construire notre futur nécessaire
Craie cassée pour la colère légitime des parents
Craie cassée pour embrasser ensemble la révolte.
Diadié Dembélé, écrivain
Le Buisson 